Pour les photos, je ne vous mets pas celles du club car en arrivant ici (un peu après 1h), je me suis aperçu que mon beau ciel rural montrait encore un bon bout de Voie Lactée, et j'ai repris tous les tests depuis la pelouse... Pour chaque montage APN/objectif, j'ai fait 3 images (raw) de 30s en jouant uniquement sur le réglage de l'ouverture (5.6 ou 3.5, car le Samyang n'a curieusement pas la valeur standard 4) et le gain (800 ISO ou 1600 ISO, seulement à 3.5 pour "booster" encore plus l'image).
Ce que je vous montre ci-dessous correspond ensuite à la conversion automatique en JPEG (avec l'utilitaire Canon pour ne pas introduire de distorsions par les réglages sous Photoshop) et réduite à une taille publiable ici (800 pixels de haut pour les images cadrées en vertical). Sauf indication contraire, j'ai gardé la plus lumineuse de la série de 3 (celle à 3.5 et 1600 ISO, ce qui produit beaucoup de "bruit").
Voici la comparaison sur le 20D entre le zoom 18-55mm à 18mm et le Samyang de 8mm :
Nota : la différence de couleur ne signifie pas grand chose car comme mon 20D est défiltré, je dois compenser et c'est fait de manière différence sur les deux photos (pour le 18-55 j'ai un filtre bleuté monté sur le zoom, pour le 8mm c'est une correction logicielle de la balance des blancs).
Vous reconnaissez sans doute le triangle d'été sur le point de se coucher (Altaïr au ras de l'arbre, Véga absente à gauche car coupée par le bord du champ). Pour illustrer cette énorme différence de champ, j'avais aussi fait un cadrage horizontal avec le 8mm et on peut voir qu'il a plus de champ en hauteur que le 18mm en cadrage vertical :
La même comparaison sur le 5D avec son zoom "habituel" 28-135mm à 28mm, mon 16mm Zenitar et le 8mm (là, on est dans la tentative de l'extrême car il n'est pas destiné aux grands capteurs) :
Pour le 8mm, on ne voit pas bien le champ réel à cause de tous les arbres alentours (j'aurais dû me mettre au milieu d'une prairie dégagée). Vous pouvez mieux l'apprécier sur cette image prise à la Rampinsole (en visant le zénith), avec les nuages en plus :
J'ai un peu "dopé" les niveaux sur Photoshop pour qu'on voie plus d'étoiles. Pour ceux qui aurait un peu de mal à se repérer, dans le ciel ou sur terre, voilà la version légendée :
Comme vous le voyez, on frise les 180° de champ dans la largeur, avec une vision presque "all sky". Avec ce genre de perspective on peut faire des trucs un peu "fun" comme ça (fait un peu avant le coucher en posant l'appareil par terre sur le parking) :
Deux trucs curieux sur cette image : une espèce de vignettage à l'envers avec une image plus sombre au centre et le contour bizarroïde de l'image plus petite que le capteur du 5D. Pour l'assombrissement, je pense que ça n'a rien à voir avec l'optique mais que c'est un effet atmosphérique réel : le ciel est plus sombre au zénith (couche d'atmosphère plus mince avant l'espace noir) que sur les bords (couche atmosphérique plus dense éclairée par la diffusion de la lumière solaire ; pour info : le soleil allait se coucher vers le local AstroFlep).
Pour le contour bizarre (car je m'attendais plutôt à un disque tronqué), je pense que ça vient du pare-soleil (qui est plutôt symbolique avec ce genre de focale car le champ est tellement large qu'il est bien rare de ne pas avoir le soleil dedans !). Bon, on va tester sans et je suis sorti ce matin sur ma terrasse pour le faire. Pb : le pare-soleil n'est pas amovible et fait partie de l'objectif !!!
Mais comme j'étais dehors, j'en ai profité pour essayer de vous illustrer un effet de ces courtes focales : une profondeur de champ énorme (à ouverture égale, la profondeur de champ est inversement proportionnel à la focale). J'ai carrément ouvert (ou plutôt fermé) à 22 pour avoir le maximum, c'est à dire 30cm à l'infini (ce qui n'est pas clairement indiqué sur l'objectif : avec les autofocus, les construteurs ne prennent plus la peine de mettre la fourchette de netteté qu'on avait sur nos bons vieux objos de l'argentique... snif !). Difficile de trouver un 1er plan sympa car la saison n'est plus trop aux fleurs... jusqu'à ce que je trouve ce petit champignon (guère plus de 5cm de haut) dans la prairie voisine. Et comme on n'est jamais à l'abri d'un coup de bol, un petit papillon est venu s'y poser juste quand je m'y intéressais (nan, j'vous jure que j'ai pas mis de superglue !) :
Je trouve que l'effet est encore plus saisissant avec un recadrage (à 50% de la taille réelle de l'image) :
Pour bien apprécier le truc : le couple papillon/champignon est à 30cm (du capteur, donc environ 10-15 cm de la lentille frontale de l'objo) alors que le banc et les arbres sont à 15-30m (donc largement à l'infini pour cette focale, au-delà de 8m) et les nuages à des centaines de m ou des km !
Revenons un peu à des considérations plus techniques avec la qualité des étoiles (donc de la mise au point et de l'optique), illustrée en prenant une portion à 100% de chacune des images :
Je pensais que c'était une bonne idée de prendre toujours la même portion de ciel (Deneb en haut à droite de chaque vignette) mais c'est faux : comme le cadrage était différent à chaque fois (voir plus haut), ça ne correspond pas du tout à la même région dans l'image, ce qui fausse complétement la comparaison (les bords d'image sont toujours beaucoup moins bon, surtout sur les courtes focales, avec l'effet de "coma", les étoiles étirées en forme de virgule ou de petite "comète"). J'ai donc pris la zone centrale de toute les images pour une comparaison plus fiable, même si du coup on n'a plus le même cham d'étoiles :
(les points chauds, notamment el rouge sur la série du 5D montrent bien que c'est la même portion d'image)
Sur les deux images de gauche (20D+18mm et 5D+28mm) on a un effet de filé car la pose de 30s est trop longue par rapport à la règle habituelle pour éviter les filés sur les images du ciel prise sans suivi équatorial : temps de pose maxi = 500s / focale (pour un "full frame"), ce qui donne dans les 18s avec un 28mm et là on est presque deux fois plus long...
On voit nettement que le "piqué" du Samyang (images 2 et 5) est bien supérieur à celui du Zenitar (4), et tout ça avec l'ouverture maximum (3.5) et une mise au point manuelle pifométrique (réglage à l'infini sur l'objectif vu la profondeur de champ, comme illustré plus haut avec le papillon). A noter que pour les 2 images de gauche (1 et 3), j'avais utilisé l'autofocus sur un objet lumineux lointain (une fenêtre éclairée à un dizaine de m pour le 20D, Véga pour le 5D) à la focale maxi des zooms (55mm ou 135mm) car c'est plus facile mais pas recommandé du tout (la MàP d'un zoom varie généralement avec la focale). Mais on voit que ça n'est pourtant pas trop déconnant.
Dernière comparaison : le "piqué" est souvent dégueu à l'ouverture maximum et s'améliore quand on ferme un peu le diaphragme. D'où cette petite planche pour comparer à 3.5 et à 5.6 :
Je crois que la différence est nette (c'est le cas de le dire) mais malheureusement en astro, on est parfois obligé de travailler à grosse ouverture sur des sujets peu lumineux à cause du temps de pose qu'on ne peut pas augmenter (règle du filé). A noter : comme les 2 images sont faites à 30s, celle à 5.6 est normalement plus sombre mais j'ai compensé à peu près en réglant le niveau sous PhptoShop.
Cette planche illustre un autre phénomène : avez-vous remarqué qu'à réglage identique celles du 20D sont nettement plus sombre que celles du 5D ? Effectivement le capteur du 5D est plus sensible car ces "photosites" (la petite portion du capteur correspondant à 1 pixel de l'image) sont plus gros, donc laisse entrer plus de flux lumineux ! Comme quoi, la course aux mégapixels en astro, c'est pas toujours "top" !!!
J'arrive à la fin de mes explications et je me rends compte que j'ai encore deux images que je ne vous ai pas mises : elles comparaient les champs du 20D et du 5D à des focales qui devraient être assez équivalentes :
En théorie, les deux champs sont sensés être identique car le capteur du 20D plus petit correspond à un facteur d'échelle de 1.6 et 1.6x18mm donne pratiquement 28mm. On voit qu'en réalité ce n'est pas exactement le cas, le champ étant un peu plus petit.
Avec les deux fisheyes, l'échelle est logique car 1.6x8mm donne 12.8mm est le champ est sensiblement plus large que celui du 16mm.